Sale nuit que celle du 10 octobre
Le copain Jean-Batte a décidé de lâcher prise…
C’était vraiment trop dur à porter cette carcasse tant abimée…
Le copain Jean-Batte, c’était notre grand "Petit Pierre" d’OPUS.
D’ailleurs, on l’appelait plus souvent le "grand" que le "Petit", rapport à ses grands bras qui pouvaient tout attraper ! Même la petite Domi qu’ils avaient réussi à attraper !!
Le "grand", quand çà lui toquait, il attrapait des bouts de trucs en bois, en fer, en cuir, en n’importe quoi, mais sales et usés de préférence, et il y mettait de la vie dedans, à sa façon, en burinant, en écrabouillant, en tapant, en tordant, en brasant, en soudant, en assemblant délicatement, finalement…
Et quand ca sortait de ses grandes paluches, ça faisait une beauté brute, toute pleine de bavures et de trucs coupants, et nous on faisait ouaaaah doooon ! C’est beeeaaaau… !!!
Il a fait des choses merveilleuses avec sa tête et ses mains. Il a aussi peint beaucoup. Il a même beaucoup peint aussi, souvent la même belle silhouette de femme qui dansait sans cesse dans sa tête…
Et il a bricolé des trucs qui remuaient, comme le "Petit Pierre" !
Il en a fait pour l’ami Pheraille et le PHUN, pour le théâtre de la Licorne, pour les Cyranoiaques, pour ses potes de Métalu, pour le nombril du Monde, pour OPUS, et pour d’autres…
Il a jamais réussi à choper le tétanos, mais depuis cinq ans il faisait le bras de fer avec une autre saloperie de maladie.
Il a perdu.
Pourtant, question bouts d’ fer, il s’y connaissait !
Samedi dernier, j’étais à la Fabuloserie avec Caroline Bourbonnais ; on regardait le métro aérien et le train du Petit Pierre : ils ne marchaient plus eux non plus… Et on se disait qu’on allait venir leur enlever les fourmis qu’ils avaient dans les pattes, cette hiver, avec nos envies et nos outils.
C’est con que tu puisses pas venir, Jean Batte…
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